Vous, ami de quel réel ?
Vous
êtes interpellé d'entrée de jeu, pour que vous ne vous contentiez pas de vous co/gner peut-être le/dos au mur, mais trouviez l'envie de sauter celui-ci et d'aller voir les "choses" après et de prendre part à un tel au-delà, d'autant que le funeste pourrait bien paraître. Peut-être mis à côté de vous qui vous cogner(iez) le dos au mur laisse entendre un retournement si jamais vous vous montrez timoré...
Alain Helissen incrimine ce vous, qui joue votre rôle, le sien et/ou le rôle du sujet lisant, et, par sa répétition continue, s'engage de l'un à l'autre dans la dénonciation des moyens d'expression (qui) tendent à devenir (quand ils ne le sont pas devenus encore - insidieusement sinon) des moyens d'oppression (selon les propos de Jacques Prévert en son temps). Et, pour mieux montrer que cette ingurgitation d'informations ou d'ersatz d'informations procède d'un comportement automatique, une sorte de consentement forcément libre puisque librement forcé, voir des images qui (vous) parlent sans avoir à vous dire quelque chose, en omettant trop de réfléchir, de s'interroger sur ce quelque chose, lequel a pu être placé à travers un flou presque total, et de tourner sa langue plus de sept fois, persuadé d'être ami de longue date du réel et de vivre une vie embellie par ce dernier (mais, est-ce le dernier ?), entré dans le film des phrases fabriquées pour vous qui vous atteint dès lors de psittacisme en vot' patois, en exhibition...
Semblable à ce "brave homme" (*), le zut(iste) Charles Cros, mais conscient que vous/c'est bien / vous / (votre distinction vis-à-vis)/ des autres vous / de votre espèce, donc...nous, en somme, endormi(s) sur (no)tre identité, qui pourtant devrions ne pas/plus (faire) les petites marionnettes, mâ/che(r) (mal) (n)os mots, boulet/ sur l'estomac, l'auteur débraille le langage, lui cause des écornures, pour donner évidence à un colportage du prêt-à-dire, du "prêt-à-penser" et d'attitudes convenues - une tendance a tempera, tant ce mode de vie nouveau (novel fashion rétorquent des "bien-pensants", "qui ne peuvent pas être pensants tout court" ajouterait Roger Martin du Gard-(**) repose sur une maldonne, car c'est le jeu de ces mêmes "bien-pensants" qui est joué, et, vous, vous / pensez courbe / épinglez fourbe * finissez tourbe...
Interpellé,
pour ne pas finir ainsi,
à l'auge de l'humaine condition,
refusez,
refusez que,
votre place vous (soit) acquise
(*) Cf. Charles Cros, Le coffret de Santal, Poésie/Gallimard Ed.
(**) Roger Martin du Gard, in Jean Barois, Gallimard Ed.
Jeanpyer Poëls
publié dans Diérèse N°41, juillet 2008.
Le rappel des titres, par Alain Helissen
éd. Les Deux-Siciles
80 pages ; 10 euros
exemplaire dédicacé disponible chez l'auteur:
contact : alain.helissen@tele2.fr